Page 20 - Bulletin n73

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Tout a commencé pour moi avec Dalton mon premier chien à Loscence tout prêt de mon
village d'origine où Christophe m'a accueilli avec la gentillesse qui le caractérisait.
Je n'y comprenais rien, les brebis n'allaient pas où il faut, le chien n'écoutait pas, pourtant
patiemment il m'a expliqué, montré comment ça marchait, le tout dans la bonne humeur.
En plus de conduire le chien, il m'a appris les soins aux brebis, les kilomètres de clôture,
le tri, le parage… bref toutes les taches qu'il peut y avoir autour des brebis.
Puis Christophe a été mon " technicien d'élevage " ma " hot line brebis " lorsque j'ai eu mes
premières brebis.
Aujourd'hui lorsque je regarde mon petit groupe de Clun Forest, un souvenir me revient.
Il ne voulait pas me vendre d'agnelles Clun Forest car il les gardait toutes jusqu'au jour où
il m'a proposé un deal car des agneaux étaient accidentellement nés en janvier et chez moi
en plaine ils auraient de l'herbe plus vite que dans le Vercors. Le deal était simple : Pour
une belle agnelle achetée, une moche donnée ! Me voilà partie avec des kennels dans la
voiture, pour choisir 2 belles agnelles, et prendre 2 petites en plus.
Puis comme j'avais encore de la place, il en amène une autre en me disant " Tiens prend
aussi celle là je te la donne ".Je la regarde, c'était une croisée mais belle agnelle, je ne l'a-
vais pas choisie parce qu'elle était croisée, alors je lui dit : " mais c'est une belle celle là !"
à quoi il répond " oui c'est une belle, mais je te la donne pour te faire passer la pilule de la
moche que je vais ajouter ! " Du Christophe tout craché. Certaines de ces brebis sont tou-
jours à la maison et ont eu de nombreux agneaux, la belle croisée n'est autre que Globule
la meneuse familière de mon troupeau.
Puis Christophe est redevenu " planain " comme on dit dans le Vercors et on est presque
devenu voisins dans le nord Isère. Ce qui a encore facilité le covoiturage pour les concours.
Je l'ai écouté ronfler, râler, philosopher, parler élevage, dressage de chien ou… demander
à manger pendant des milliers de kilomètres.
On a partagé de bons moments chez lui ou chez moi lorsque je recevait un coup de fil me
demandant : " Dis donc Pomponette qu'est ce que tu me fais à manger aujourd'hui ? "
Evidement je commençais par râler mais ça finissait autour d'une table avec un bon verre
de vin, et de bonnes rigolades.
Il y a un an, il m'a fait préparer un plat de pâtes un dimanche pour m'annoncer le terrible
diagnostic. Il me manque.
Florence Garde
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Photos :Michel Guillemeau